Disparition de Sydney Galès
Nous avons appris avec une grande tristesse le décès de Sydney Galès le 29 novembre 2024. Physicien nucléaire de renommée mondiale, il a joué un rôle déterminant pour cette discipline et notre communauté scientifique. Directeur adjoint scientifique à l’IN2P3 entre 2004 et 2012, il fut l’artisan d’une stratégie ambitieuse pour la physique nucléaire en France et au-delà. Nous bénéficions aujourd’hui encore de sa vision pour certainement encore de nombreuses années.
La communauté de la physique subatomique en France et en Europe a perdu une grande figure en la personne de Sydney Galès, décédé le 29 novembre 2024. Chercheur visionnaire et leader charismatique, Sydney a laissé une empreinte indélébile sur la recherche en physique nucléaire et ses applications. Grâce à sa brillante carrière de chercheur et à ses initiatives audacieuses, il a joué un rôle déterminant dans l’élaboration des feuilles de route stratégiques aux niveaux national et international, contribuant à structurer l’avenir de cette discipline pendant plusieurs décennies.
Pionnier dans les technologies d’accélérateur et d’instrumentation, il a été l’un des initiateurs et créateurs de l’accélérateur AGOR (Accélérateur Groningen-ORsay), le premier cyclotron supraconducteur européen, conçu en partenariat avec le KVI à Groningue, Pays-Bas. Ce projet, emblématique de sa capacité à fédérer des équipes internationales autour de visions ambitieuses, reste un jalon majeur de la physique nucléaire européenne.
On peut affirmer sans hésitation que sa contribution à l’avancement de ce domaine de recherche, tant en France qu’à l’échelle mondiale, a été exceptionnelle. L’expérience distinguée de Sydney et sa réputation scientifique internationale lui ont permis d’occuper des postes stratégiques de premier plan, tels que directeur de l’Institut de Physique Nucléaire d’Orsay (IPN), directeur du Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (GANIL), et directeur scientifique adjoint de l’IN2P3-CNRS. En mars 2013, il a été nommé directeur scientifique de l’Extrême Light Infrastructure for Nuclear Physics (ELI-NP), l’un des trois centres laser paneuropéens à grande échelle de l’ESFRI, consolidant ainsi son rôle central dans le développement des infrastructures de recherche européenne.
Sydney a également siégé activement à de nombreux comités consultatifs et conseils scientifiques nationaux et internationaux. Élu président du Nuclear Physics European Collaboration Committee (NuPECC), il a exercé une influence stratégique considérable sur la politique scientifique européenne, contribuant notamment à la création du Centre Européen de Physique Théorique (ECT*) à Trente, Italie. Il a été membre ou président de nombreux comités internationaux ayant évalué presque toutes les principales infrastructures de physique nucléaire dans le monde, parmi lesquelles le GANIL (France), RIKEN (Japon), KORIA (Corée du Sud), le JINR à Dubna (Russie) et l’IMP à Lanzhou (Chine).
Avec un sens aigu des responsabilités envers la formation de la nouvelle génération de physiciens nucléaires, Sydney a été l’un des pères fondateurs de l’École Joliot-Curie de Physique Nucléaire, un lieu emblématique de transmission des savoirs et d’inspiration pour les jeunes chercheurs. Son engagement dans l’éducation et sa capacité à fédérer les esprits les plus brillants ont durablement marqué le paysage scientifique.
Le parcours exceptionnel de Sydney a été couronné par de nombreuses distinctions prestigieuses, telles que le titre de Chevalier de l’Ordre de la Reine des Pays-Bas, Chevalier de l’Ordre National du Mérite (France), le Prix Flerov (Russie), et le Grand Prix Félix-Robin de la Société Française de Physique (SFP). Ces distinctions reflètent non seulement la reconnaissance de ses pairs, mais également l’impact profond qu’il a eu sur la recherche scientifique.
Sydney était un fervent partisan de la physique nucléaire, un bâtisseur infatigable et un leader scientifique hors pair. Les projets qu’il a initiés, conçus et mis en œuvre tout au long de sa carrière ont été des jalons déterminants dans l’histoire de la physique nucléaire mondiale, laissant un héritage scientifique et humain qui continuera d’inspirer les générations futures. Merci Sydney.