Jean-Luc Biarrotte : « le projet I.FAST qui démarre a pour objectif d’imaginer et développer les accélérateurs du futur »

Entretien R&D accélérateurs

Le 1er mai démarre le projet européen de R&D collaborative I.FAST[1] dédié aux technologies accélérateurs et conduit par la communauté des spécialistes du domaine. Doté de 18,7 millions d’euros de budget, il réunira 48 organismes de 14 pays sous la houlette du CERN. En attendant le kick-off meeting[2] qui se tiendra le 4 mai en distanciel, Jean-Luc Biarrotte, DAS accélérateurs et technologies, nous parle de ce projet dans lequel l’IN2P3 joue un rôle clé.

Quelle est la finalité du projet I.FAST ?

I.FAST va permettre de soutenir et fédérer les différents acteurs européens de la recherche en physique et technologie des accélérateurs. Son objectif, au premier ordre, est d’imaginer et développer les accélérateurs du futur. La visée scientifique concerne bien évidemment la physique subatomique, mais aussi de nombreuses autres applications comme les sources de lumière ou les applications médicales par exemple. Tout ceci dans la plus pure tradition des accélérateurs, qui sont un vecteur incontournable de l’interdisciplinarité depuis presque un siècle à présent.

Quels aspects technologiques vont être étudiés en particulier ?

En pratique, I.FAST adressera aussi bien des concepts très exploratoires, comme les collisionneurs de muons ou les accélérateurs plasma, que des développements beaucoup plus technologiques, comme les aimants supraconducteurs, les cavités accélératrices, l’intelligence artificielle ou encore les problématiques liés à l’efficacité énergétique.

Comment fonctionne ce type de projet européen collaboratif ?

I.FAST s’inscrit très naturellement dans la lignée de précédents projets comme ARIES (H2020) ou EuCARD/EuCARD2 (FP6-FP7). La coordination est assurée par le CERN, qui a toute légitimité pour assumer ce rôle, comme pour la stratégie européenne par exemple. Par contre il faut bien avoir conscience que la stratégie scientifique développée par I.FAST est le fruit d’un long travail préparatoire effectué conjointement par les principaux organismes de recherche Européens du domaine (en France CEA et CNRS), sous la coordination du consortium TIARA[3] en particulier, qui a un rôle très important sur ces aspects "fédérateurs". Il faut noter aussi que la participation des industriels Européens dans les "WP" (work packages) de I.FAST orientés innovation est systématique. C’est une grande force potentielle du projet dans l’idée de pérenniser et même renforcer notre leadership européen dans le domaine.

Quel rôle l'IN2P3 joue-t-il dans I.FAST ?

Les équipes françaises jouent un rôle essentiel dans le projet, aux côtés principalement des équipes italiennes, allemandes et du CERN. On parle ici bien sûr du CEA et du CNRS, mais aussi de SOLEIL, de l’ESRF et d’un certain nombre d’entreprises françaises comme Thalès, Bergoz ou Amplitude. Côté IN2P3, IJCLab et son Centre de Recherche en Accélérateurs d’Orsay (ARCO) se taillent la part du lion, ce qui n’est pas une surprise, avec une participation également du LLR. Les équipes s’impliqueront en particulier dans les programmes I.FAST dédiés à la R&D sur les sources de positrons, sur les cavités supraconductrices, sur l’accélération plasma, mais aussi sur des thèmes plus applicatifs comme l’impression métallique 3D ou la radiothérapie "flash" par accélérateur. Un autre WP important dans lequel l’IN2P3 est fortement impliqué se consacrera à la définition d’une feuille de route stratégique pour le développement et l’ouverture des infrastructures de recherche technologiques accélérateurs européennes, dans la continuité du projet AMICI[4] .

 

[1] I.FAST : Innovation Fostering in Accelerator Science and technology
[2] Kick-off meeting sur https://indico.cern.ch/event/1024993/
[3] http://www.eu-tiara.org/tiara-consortium/
[4] http://www.eu-amici.eu/home

Le projet I.FAST

Le projet I.FAST (Innovation Fostering in Accelerator Science and technology) vise à renforcer l'innovation au sein de la communauté des accélérateurs de particules en identifiant et en facilitant le développement de technologies communes à plusieurs plateformes d'accélérateurs. Le projet implique 49 partenaires, dont 17 entreprises, réunis afin d'explorer de nouveaux concepts d'accélérateurs, de développer les futures technologies supraconductrices pour les aimants et les cavités, mais aussi de déployer des stratégies techniques pour augmenter la luminosité des sources de rayonnement synchrotron et d'optimiser les performances énergétiques. Le projet permettra, en outre, d’apporter une réflexion sur les nouvelles applications sociétales des accélérateurs.

  • Programme : Horizon 2020 (Recherche Innovation Action)
  • Durée : mai 2021 - avril 2025
  • Budget total : 18.7 millions €
  • Contribution totale de la communauté européenne : 10 millions €
  • Consortium : 48 participants de 14 pays
  • Coordinateur du projet : Maurizio Vretenar (CERN)

Domaines thématiques clés

Neuf thématiques ont été sélectionnées pour être traitées. Elles correspondent aux technologies liées aux objectifs stratégiques de I.FAST :

  1. Les stratégies et les jalons pour la recherche et les technologies d'accélérateurs
  2. Les nouveaux concepts et les nouvelles technologies d'accélérateurs de particules
  3. Les accélérateurs à haute luminosité pour les sources de lumière
  4. Les aimants supraconducteurs innovants
  5. Les cavités innovantes recouvertes d'un film supraconducteur
  6. Les technologies et matériaux avancés pour les accélérateurs
  7. Les concepts et technologies durables
  8. Les applications sociétales
  9. Les infrastructures technologiques

En savoir plus :

Contact

Jean-Luc Biarrotte
DAS Accélérateurs et technologies
Walid Kaabi
Coordinateur CNRS pour I.FAST