L'observatoire Rubin déclaré apte après 3 mois de tests avec une caméra d'essai
![Timeline de la mise en route de l'observatoire Vera Rubin](/sites/institut_in2p3/files/inline-images/20251301_LSSTComCamReleaseTimeline_FR_BD_0.jpg)
Après neuf ans de construction, l'Observatoire Vera C. Rubin n'est plus qu'à quelques mois du début de sa mission de dix ans : réaliser un film sur l'évolution fine de notre ciel nocturne et des profondeurs du cosmos à l'échelle d'un hémisphère entier. Pour préparer cette production monumentale, l'observatoire vient d'achever avec succès une série de tests complets du système d'observation à l'aide d'une caméra de test technique (ComCam), marquant le feu vert pour la dernière étape de la construction de Rubin : l'installation de la caméra LSST de 3200 mégapixels (LSSTCam), le plus grand appareil photo numérique au monde.
La caméra de test, ou caméra de mise en service (ComCam), est constituée d'une mosaïque de neuf capteurs CCD totalisant 144 mégapixels et couvrant une surface presque deux fois plus grande que la pleine lune. Pendant les sept semaines de la campagne de tests techniques de la ComCam, du 24 octobre au 11 décembre 2024, environ 16 000 images ont été prises pour tester les systèmes matériels et logiciels de l'Observatoire Rubin, ainsi que le pipeline de traitement d'images.
![Image LSST](/sites/institut_in2p3/files/inline-images/Image%20test%20LSST.jpg)
La ComCam est une version beaucoup plus petite de la caméra finale, la LSSTCam, qui prendra bientôt place à bord du télescope pour réaliser l'étude décennale de l'espace et du temps de Rubin. Avec 189 capteurs CCD, le champ de vision de la LSSTCam sera 21 fois plus grand que celui de la ComCam, capturant une zone du ciel équivalente à 45 pleines lunes. Couplée au télescope rapide de 8,4 mètres de Rubin, la LSSTCam sera capable de capturer des objets très faibles avec une rapidité sans précédent, ainsi que des objets qui changent de position ou de luminosité.
Les tests effectués par l'équipe internationale de mise en service de Rubin, composée de centaines d'ingénieurs, de scientifiques et de spécialistes de l'observation, visaient notamment à vérifier le système d'optique active, qui maintient la forme précise des trois énormes miroirs quelle que soit la direction dans laquelle le télescope est pointé ; à vérifier que les systèmes complexes du télescope fonctionnent tous correctement ensemble ; à effectuer une première vérification de la capacité du système à produire des images de qualité avec les six filtres ; à transférer la grande quantité de données générées depuis le Chili vers le centre de calcul SLAC ; et à faire fonctionner les pipelines de traitement des données.
L'observatoire Rubin (qui comprend le télescope, la caméra, les systèmes de données, les réseaux et le personnel) s'est exceptionnellement bien comporté pendant cette phase de test, fournissant des images de haute qualité dès les premières heures, alors même que la plupart des réglages optiques fins et des contrôles environnementaux n'avaient pas encore été pleinement activés. Cette performance est due au fait que toutes les pièces complexes de ce gigantesque télescope ont été fabriquées et positionnées au millimètre près, témoignant des efforts et du talent des milliers de personnes qui ont travaillé à sa construction pendant de nombreuses années. Tout aussi satisfaisant a été le bon fonctionnement du réseau à haut débit reliant le Chili au centre de données du SLAC, des systèmes de données et des algorithmes d'analyse des données.
« Le succès de cette phase de tests techniques a suscité beaucoup d'enthousiasme et d'attentes au sein de l'équipe », a déclaré Sandrine Thomas, directrice associée de l'Observatoire Rubin et responsable des opérations de l'Observatoire. « Le franchissement de cette étape nous a donné un petit avant-goût de ce qui nous attend lorsque l'Observatoire Rubin entamera son relevé décennal ».
Les prochains mois seront consacrés à l'installation de la caméra LSSTCam, l'une des dernières étapes majeures du voyage vers le « First Look », lorsque les images de l'ensemble de l'Observatoire Rubin seront partagées avec le monde pour la première fois. Ensuite, après la phase finale de test et de vérification de l'ensemble du système, l'Observatoire Rubin se lancera dans la mission de collecte de données la plus complète de l'histoire de l'astrophysique.
En balayant de manière répétée l'ensemble du ciel nocturne austral pendant une décennie, Rubin créera un enregistrement chronologique ultra-large et ultra-haute définition de l'évolution de notre cosmos. Il s'agira du plus grand film jamais réalisé sur l'Univers, qui donnera vie au ciel nocturne et nous permettra de faire de nombreuses découvertes : astéroïdes et comètes, étoiles pulsantes, explosions de supernova, et bien d'autres choses encore. Grâce aux données Rubin, nous pourrons mieux comprendre notre Univers, suivre son évolution avec des détails sans précédent, percer les mystères de l'énergie noire et de la matière noire, et apporter des réponses à des questions que nous n'avons pas encore imaginées.
La collaboration LSST
L'Observatoire Rubin est une initiative conjointe de la National Science Foundation (NSF) et du ministère américain de l'énergie (DOE). Sa mission principale est de mettre en œuvre le projet LSST (Legacy Survey of Space and Time), qui fournit un ensemble de données sans précédent pour la recherche scientifique.
L'IN2P3 apporte un soutien essentiel à la construction et au fonctionnement de l'Observatoire Rubin par l'intermédiaire de ses laboratoires APC, CPPM, IJCLab, IP2I, LAPP, LPCA, LPNHE, LPSC, LUPM et CC-IN2P3. L'institut contribue notamment au développement de l'électronique et des capteurs de lecture de la caméra du télescope, ainsi que du système de changement de filtre de la caméra, tandis que le centre de calcul est impliqué dans le traitement et le stockage des données.